Après deux ans de vagabondages entre céramique et verre, entre tournage et sculpture, cet hiver aura été propice à la peinture. Il m’a permis de développer un projet qui m’était venu devant le dos impressionnant et monumental d’un nu de Lucian Freud au Metropolitan Museum de New York, et que je porte depuis 2003 en réalisant des petites études ponctuelles mais régulières. En m’appuyant sur ces pochades colorées, j’ai donc réalisé cet hiver 2013 une série de peintures de nus féminins de dos.

Le sujet est on ne peut plus traditionnel et les références écrasantes dans la peinture classique et plus encore dans celle d’aujourd’hui. Mais plus que la représentation du corps, c’est la représentation de la peau et de sa couleur, de la peau dans la lumière, qui m’aura guidé dans ce travail et qui est le principal sujet de ces toiles.



Comment avec quelques taches de couleur restituer une présence, comment rendre présente sur la toile la poésie d’un instant, celle du quotidien ? Le détour par d’autres techniques d’autres matières qui m’a éloigné un temps de la peinture m’a fait sentir que l’essentiel de la représentation, qu’elle soit sculpturale ou, ici, picturale, consiste à transposer une matière réelle, celle du corps, dans une autre propre aux arts plastiques.

Développer le passage d’un corps de chair et d’os, coloré en lui-même ou par la lumière, à la matière picturale, à la couleur, à la touche et au geste, à l’épaisseur de la pâte, envisager la figuration non pas comme la fabrication d’une simple image plate mais comme une équivalence plastique, c’est la matière de la peinture, la pâte picturale qui me dirige ici. Cette insistance sur la picturalité est confrontée à d’autres types de représentations mises en œuvre dans la toile : image photographique, peinture ou dessin. Elles sont là pour questionner l’image de la femme, le dogme d’une beauté impérieuse et la représentation du corps dans notre société.



Dans le récit originel biblique, Dieu forme Adam non pas à partir de glèbe (adamah) mais à partir de poussière "hors de" la glèbe ou de la terre "afar min adamah" ce qui signifie que, contrairement aux animaux, l'homme est fait d'une substance bien plus subtile que le reste de la réation. N’est-ce pas cette subtilité que tous les peintres cherchent dans la mise en œuvre de la matière picturale ?

Une série de toiles sur ce thème a été présentée le week-end des 15, 16 et 17 mars, au salon « Contrastes » organisé par le Rotary club de Roubaix.

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Merci de votre visite et de vos éventuels commentaires, à bientôt, Serge Boularot