mai 2006

18 mai
2006

Actualités

165 identités anonymes

Toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé n'est pas fortuite...

Depuis plus d’un an que je travaille dans ce qui fut l’atelier de triage au Peignage de la Tossée , je me sens faire un peu partie de la maison. Quand que je me suis installé à la Tossée grâce à la bienveillance d'Étienne CORTET, c’était pour mener à bien un projet sur la représentation du corps et l’expression plastique. Ce travail a donné naissance à une sorte d’humanité dont les êtres s’individualisent par la matière même de la représentation, peinture ou céramique, qui exprime les sentiments intimes de l’être. Une humanité intemporelle. Lorsque le projet du “Printemps pour la Tossée ” s’est mis en place, à l’opposé de cette humanité hors du temps, s’est imposée la nécessité de mettre en scène les anciens salariés de la Tossée. Tous , soit 165 personnes. Une humanité d’aujourd’hui.

Par le biais la fréquentation des personnes encore présentes sur le site et pour leur amitié une autre dimension s’impose : celle de leur réalité sociale et de leur identité physique. Ce ne sont pas des portraits et pourtant ils seront ressemblants . Parmi ces 165 identités anonymes qui représentent les 165 salariés de la Tossée licenciés en 2004 et 2005, vous en trouverez sans doute une qui vous fera penser à quelqu’un, à une connaissance, à un ami, à un parent, à vous-même peut-être. Cette ressemblance c’est le signe de la vie. C’est ainsi que ces figures d’encre et de papier prennent un peu de consistance, un peu de réalité, une étincelle d’existence qui passe de vous à elle. Si vous les reconnaissez, c’est que les femmes et les hommes sont tous les mêmes quand ils sont nus, quand ils sont démunis. Ils sont tous fragiles.



Le travail est en cours, il se poursuivra durant la manifestation. Chaque individu se dessine à l’encre de chine sur du non-tissé. Il émerge à son rythme. Il va prendre sa place dans la longue file du départ et sans doute les quatre semaines de la manifestation seront nécessaires pour que chacun puisse s’y installer.

Serge Boularot mars 2006